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Max Payne 3 : quand jouer n’est plus jouer
Max Payne c’est une licence qui a marqué son temps. On se souvient avec émotion de ce TPS où l’on enchaînait les bullet time jusqu’à plus soif dans un New York bien glauque. Pour son troisième volet, l’équipe de développement change ! C’est Rockstar qui s’y colle. Et on le regrette !
Max Payne, le flic New-Yorkais, a fini par s’exiler des États-Unis. Direction le Brésil pour se refaire une santé… ou tout au moins se faire oublier quelques temps…
Max, donc, entre deux bouteilles d’alcool fort, est garde du corps pour une riche famille. C’est tout à fait crédible : qui ne voudrait pas être protégé par un poivrot armé jusqu’aux dents ?
Heureusement pour lui, il a la capacité de freiner le temps, ce qui l’aide bien à stabiliser son tir avant de laisser échapper un peu de bave du coin de la bouche, et ce qui le classe donc parmi les meilleurs tueurs au monde. Comme quoi, on peut être adepte de la bouteille et garder tous ses réflexes…
Un petit saut de cabri, deux morts
Monsieur Payne va d’ailleurs pouvoir rapidement mettre ses talents en service, puisqu’une bande de malfrats tente de kidnapper ses riches employeurs. Enfin, une bande… disons plutôt une cohorte, une horde, une armée, un département complet, une région, un pays ! Ils sont tellement nombreux que c’est presque risible.
Mais c’est beaucoup moins risible quand on pense que tous ceux qui vont croiser le chemin de Max vont y passer. Et ça va en faire de la barbac au sol.
Bien sûr, on n’est pas des chiens, encore moins boucher. Alors, quand on tue, on le fait proprement. C’est simple, un type se rapproche de trop près ? On le frappe à main nue, puis on l’exécute d’une balle.
Quatre contre un ? Et alors !?
De loin, on variera les armes et on ciblera les zones les plus sensibles du corps. Et quand le dernier ennemi de la pièce sera prêt à expirer, un joyeux ralenti montrera la balle fatale exercer son chemin vers et à travers son corps.
Ah oui, Max Payne c’est PEGI 18, et on comprends pourquoi. C’est quand même un alcoolo qui tire sur tout ce qui bouge et apprécie de contempler la souffrance qu’il engendre.
« Boucher », pas chirurgien esthétique.
Heureusement, pour rester cool, le jeu propose, comme dans les précédents opus, le mécanisme du bullet time. Pour ceux qui n’auraient pas vu Matrix, ni aucun film d’action pendant les dix années suivantes, il s’agit d’un instant de grâce pendant lequel l’action est ralentie autour du personnage, tandis que ce dernier peut continuer d’agir avec une vélocité plus forte. En clair, on peut parvenir à éviter les balles et liquider une poignée de bandits sans même qu’ils n’aient le temps de broncher.
A ce mouvement ô combien emblématique, s’ajoute la variante, que l’on connaissait déjà, constituée d’un bullet time accompli en même temps qu’un saut pendant lequel le corps se place à l’horizontale pour réduire la surface exposée aux tirs des assaillants. C’est beau, c’est nostalgique, ça ferait presque pleurer.
Chemise joyeuse, crâne chauve, grosse barbe. La mode, c’est moi.
Alors, non, rien n’a changé, Max Payne reste du Max Payne. C’est même assez bien foutu : les combats sont assez captivants, parfois ardus, mais pas trop, et les différents modes de difficultés et d’assistance à la visée satisferont tous les types de gamers.
Mais on ne peut s’empêcher de maudire Rockstar dès les premières minutes du jeu. Oui, il y a un scénario dans ce jeu. On le trouvera bon ou pas, peu importe, ça reste du jeu d’action. Mais… ô quel grand mais…
S’il vous plaît, chers amis de chez Rockstar, pourriez-vous me définir ce qu’est un jeu ? Je suis curieux de connaître votre réponse. Est-ce que se payer toutes les cinq minutes des cinématiques qui durent cinq minutes c’est jouer ? Est-ce que devoir surveiller la cinématique en se demandant quand est-ce qu’on la va reprendre la main c’est jouer ? Est-ce que finalement passer plus du temps à s’ennuyer qu’à jouer, c’est jouer ?
S’il vous plaît, faites un effort. C’est juste invraisemblable. Comment peut-on faire ce genre de gameplay en 2012 ? Ça va bien de devoir se payer une histoire sans intervenir, se coltiner des dialogues introspectifs toutes les cinq minutes (pendant lesquels on peut heureusement continuer à jouer), récolter des indices qui ne servent à rien… mais on aimerait jouer !
Bien sûr, c’est la mode. Depuis que LA Noire a fait carton plein, on a le droit de faire des jeux dans lesquels le chemin est strictement rigide, en faisant croire le contraire. Ici, on n’essaie même pas de faire semblant. Tu te paies ta cinématique et point barre. Quand on sait en plus que tout est scripté, que l’on ne fait qu’avancer dans un couloir aux parois dissimulées, alors on est très frustré.
Petit saut en arrière dans l’escalier. Une excellente idée !
Si on ajoute à ça le parti pris très étrange de faire miroiter les couleurs (façon 3D regardée sans lunette) pour refléter les difficultés alcoolique du héros, alors on pleure. Oui, ça nous écrase le cerveau. Oui ça tangue, oui ça donne envie de vomir.
Finalement, l’identification au personnage est plutôt efficace !
Enfin, tout ça pour dire qu’il fallait que quelqu’un pousse un énorme coup de gueule sur Max Payne 3, qui, par ailleurs reste un TPS tout à fait correct, voire bon, quand on lui retire ses longueurs incessantes.
Mais décidément, mieux vaut aller retrouver les deux premiers opus dans son placard. Ça, ma bonne dame, c’était du vrai bon hit. Max Payne 3 est une déception.